jeudi 12 novembre 2015

La Patagonie par la mer, direction Coyhaique

Hola todos,

Après ces belles journées sur l'île de Chiloé, nous mettons cap au sud par voie maritime cette fois-ci, pour rejoindre le continent et la partie sud de la Carretera Austral.


Les bateaux ne partent pas quotidiennement pour ces contrées reculées, nous prenons un des deux bateaux de la semaine, tout au sud de l'île, à Quellon, direction Puerto Chacabuco à une trentaine d'heures de navigation. Ce trajet n'a rien d'ordinaire, alors ça vaut bien quelques lignes de description. Nous embarquons pour cette longue traversée à la nuit tombée. Un camion et quelques voitures sont chargés et seule une cinquantaine de passagers monte à bord alors que le bateau peut en accueillir 250. En ce moment, il y a relativement peu d'affluence. Tout se fait tranquillement, avec le sourire, on sent que le périple s'annonce long. Nous ne sommes qu'une petite dizaine de touristes. Pour le reste, ce sont des locaux qui vont s'arrêter ici et là. Il est 23h lorsque nous larguons les amarres, un coup de corne de brume retentit dans la nuit et c'est parti.

La nuit est globalement calme, bien que la traversée débute en pleine mer. Il y a vraisemblablement peu de vent comparé à d'habitude. Malgré tout, lorsqu'on se lève dans la nuit, difficile de garder son équilibre, ça tangue pas mal. Chacun reste solidement calé au fond de son siège, sauf Céline qui a installé son matelas et établi son terrier de marmotte sous les fauteuils... 



Au petit matin nous avons rejoint la côte et naviguons entre des îlots, où un chenal naturel semble s'ouvrir devant nous. Le soleil est là, quelques nuages se baladent par endroits, mais le temps est plutôt beau. Nous prenons un petit déjeuner royal sur le pont en regardant le paysage défiler lentement. Les montagnes tombent dans l'eau, la neige n'est pas si loin sur les hauteurs, et quelques beaux glaciers sont visibles régulièrement. Des bras de mer s'enfoncent ici et là, ça ressemble à un vrai labyrinthe, nous pensons aux premiers navigateurs qui ont dû se perdre plus d'une fois en tentant de trouver les passages... Nous avons la sensation de pénétrer dans des zones vraiment isolées, difficilement accessibles voir inaccessibles par voie terrestre. Un autre monde se dévoile ainsi. Quel décor ! 


    Vincent pensif sur le pont...






Nous apercevons régulièrement des élevages de poissons, de saumons plus exactement. Le Chili est le second exportateur mondial de saumons après la Norvège. Mais de part leur alimentation artificielle et industrielle, les poissons contiennent de nombreuses traces de métaux lourds et de pesticides. Bref ici aussi les élevages intensifs ne sont pas sans conséquences sur l'environnement et les futurs consommateurs. Beurk, dit comme ça, ça ne fait pas rêver... Vivement qu'on s'achète du fil et un hameçon pour tenter d'attraper un saumon sauvage !

L'immensité des paysages environnants nous donne une impression de lenteur particulière. Chacun vaque à ses pensées à l'intérieur ou sur le pont, les heures défilent doucement. Quelques escales coupent la routine du voyage et créent un peu d'animation. En effet le bateau s'arrête plusieurs fois dans des tout petits villages, quelques passagers descendent, d'autres embarquent, des colis sont déposés, d'autres sont chargés. Il n'y a souvent pas de route, juste un simple quai en béton en guise de débarcadère. Véritable attraction de la semaine, les villageois ne doivent pas rater ce rendez-vous. À un moment, le bateau s'arrête même quasiment au milieu du chenal. Un zodiac sorti de nulle part approche. Deux cartons sont échangés rapidement, s'ensuit un signe d'au revoir, et le zodiac file vers l'unique habitation du coin. C'est tellement incroyable d'imaginer vivre si loin de tout... Nous sommes vraiment scotchés de découvrir ces contrées patagonnes mi-terrestres, mi-maritimes. Nous découvrons ce "monde" par beau temps. Qu'est-il en plein hiver lorsqu'il fait nuit tôt, qu'il pleut à verse, et que le vent est glacial ? 



   Puerto Cisnes, petite ville dans laquelle nous faisons une courte halte

   5 minutes de pause et c'est reparti !





    Livraison en pleine mer !


Nous enchainons sur notre deuxième nuit à bord. Le réveil qui suit se fera justement sous la pluie et le vent glacial pour notre arrivée à Puerto Chacabuco. Du coup l'ambiance est tout autre. En guise de bienvenue, la Patagonie nous a réservé un temps de circonstance. Quel accueil, il ne fallait pas !
Nous prenons rapidement un minibus pour Puerto Aysen, puis un autre pour Coyhaique où nous arrivons pour midi. Nous dégotons une chambre chez l'habitant, dans une hospedaje. On ne peut pas être plus immergés chez les Chiliens. La pluie laisse place à quelques rayons de soleil, nous prenons nos marques et déambulons dans la ville Coyhaique.
Coyhaique est une "petite" ville, enfin tout est relatif car tout Patagon vous dira que c'est la seule "grande" ville de la Carretera Austral...  En effet, ici on trouve toutes les commodités requises : banque, poste, hôpital, pharmacie, magasins en tous genres, et même une belle rue piétonne avec quelques grandes enseignes. On en profite pour s'acheter du fil de pêche et une cuillère espagnole, des fois qu'on arrive à sortir un poisson de l'eau dans les jours à venir. 





Le lendemain, nous découvrons la réserve nationale de Coyhaique, au-dessus de la ville. Il est déjà tard mais comme il fait jour jusqu'à 21h, on a largement le temps ! On commence à être bien au sud, les jours sont de plus en plus longs, c'est agréable de profiter des journées à rallonge. À ce propos les chiliens ne vivent pas du tout au même rythme que leurs voisins Sud Américains. Se lever tôt, ça veut dire avant 9h... Les rues sont désertes avant 9-10h. Et le soir ils mangent et se couchent tard. Les magasins restent ouverts jusqu'à 21h, et minuit semble être la norme pour veiller. 

Nous profitons d'un sentier dans le parc, dans une belle forêt parsemée de plusieurs petits lacs. Le soleil a fait son grand retour et la vue sur la "petite-grande" ville de Coyhaique et ses environs est jolie. La vallée est entourée de montagnes enneigées, on sent que l'hiver est encore récent. Les cerisiers en fleurs témoignent du printemps, ainsi que les jeunes feuilles des arbres. Une belle escapade dans les environs !




















La bise australe



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